Sous forme de signaux électroniques, les ondes entament leur propagation en activant une installation sonore disposée autour du pilier central du parloir. Sa structure emprunte à la forme du corset, à celle d’une aile déployée ou à la géométrie d’une suite de Fibonacci. Elle est composée d’une quinzaine de bras de métal agencés en spirale, chacun pourvu à son extrémité d’un bol chantant motorisé, qui tourne sur lui-même, et d’une mailloche automate, qui le fait vibrer par frottement ou par percussion. Certains instruments sont des creusets en quartz, d’autres sont réalisés en métal, selon un alliage rare de sept matériaux qui convoque la symbolique tibétaine des astres, des jours de la semaine ou des principaux chakras ; d’autres sont moulés en terre cuite, dont l’artiste a découvert par hasard les qualités résonantes, associant sa signification ésotérique à une matérialité plus brute. La partition générée par les ondes captées à l’extérieur se donne à entendre avec force et acuité dans cette salle carrée à l’acoustique harmonieuse, marquée par l’homogénéité de la réverbération et l’amplitude de la résonance. Pour Charlotte Charbonnel, il s’agit de donner corps à des forces naturelles invisibles dont la présence est ici amplifiée dans ces nappes sonores, aussi aériennes que telluriques.
Florian Gaité
* Le nom latin de Maubuisson, Malodunum, est formé soit à partir de l’adjectif malus, a, um (mauvais, funeste, méchant), soit à partir du substantif malus, i (pommier), associé à dunum – forme dérivée du toponyme gaulois duno (enceinte fortifiée ou colline) – ou, plus vraisemblablement, à une forme corrompue de dumus, i (buisson).
Installation: metal structures, Tibetan singing bowls (quartz, metal, terracotta), mallets, electric motors
Transformed into electronic signals, the waves begin to take effect by activating a sound installation arranged around the parlor’s central pillar. The structure draws on the shape of a corset, a spread wing and the geometry of a Fibonacci sequence. It comprises fifteen spiral metal arms with, at the end of each, an electrically driven, revolving singing bowl and an automated mallet that makes the bowl vibrate by friction or percussion. Some of these instruments are quartz crucibles, others are made of a rare, seven-part alloy symbolizing, for the Tibetans, the heavenly bodies, the days of the week and the principal chakras; others still are of moulded terra- cotta, whose resonant qualities the artist discovered by chance in making the association between its esoteric significance and a cruder materiality. The musical score generated by the waves from outside makes itself heard powerfully and incisively in this square, acoustically harmonious room, marked by the evenness of its reverberation and the amplitude of its resonance. For Charlotte Charbonnel the goal is to materialize invisible natural forces whose presence here is magnified in layers of sound as ethereal as they are telluric.
Florian Gaité
* The Latin name for Maubuisson, Malodunum, derives either from the adjective malus (bad, evil, nasty) or the noun malus (apple tree), in association with dunum, a Latinised form of the Gaulish duno (a hill or fortified compound) or – more likely – a corruption of the Latin dumus (bush).
Crédit photo : Catherine Brossais
24 juin 2022 par charlotte |
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Les ondes sonores émises par les bols chantants, converties en impulsions magnétiques, déterminent dans la salle suivante les mouvements balanciers d’un imposant pendule aimanté, suspendu à la voûte. Son passage impulse la chorégraphie oscillatoire d’un tapis d’épingles qui en adoptent la cadence, comme sous l’effet d’un métronome poly-directionnel, au tempo différencié. Intriguée par les très grandes quantités d’épingles commandées vers 1720, consignées dans les livres de comptes de l’abbaye, Charlotte Charbonnel les connecte à l’architecture en reprenant la forme des ogives des voûtes et des fenêtres pour confectionner le socle recouvert d’une toile de lin sur lequel elle les a piquées. La pointe élancée donne un élan à la pièce et favorise la circulation des corps, une dynamique redoublée par celle de l’aimant. Engagé dans un mouvement récursif d’attraction-répulsion, le mécanisme se prête autant à la contemplation, berçant la rétine, qu’il évoque le labeur répétitif des moniales et la douleur qu’il inflige aux corps. Entre flux et reflux, son rythme reproduit la structure cyclique de l’organisation des tâches domestiques et spirituelles des cisterciennes, auxquelles ces milliers d’épingles synchronisées donnent un nouveau visage. Nouant un nœud symbolique entre couture et torture, l’artiste mobilise également l’imaginaire de la radiesthésie ou celui de l’acupuncture dans la pensée orientale, comme si elle cherchait à offrir à la communauté la possibilité d’un soin posthume.
Florian Gaité
Installation: pendulum, magnet, linen fabric on a pain- ter’s stretcher and a wooden base, pins, electric motors
In the next room the sound waves emitted by the singing bowls and now converted into magnetic impulses, govern the swinging of an imposing magnetic pendulum hanging from the vault. Its passing choreographs the oscillation of a layer of pins that fall in with its cadence, as if regulated by a multidirectional, variable tempo metronome. Intrigued by the vast quantity of pins ordered around 1720 and listed in the abbey’s account books, Charlotte Charbonnel has set up a relationship with the architecture by using the shape of the windows and the ribs of the vaults to create the linen-covered base bristling with pins. The slender point of the pendulum gives the piece an impetus, in a dynamic increased by that of the magnet. Engaged in a recursive movement of attraction-repulsion, the mechanism lends itself as much to contemplation, to a cradling of the retina, as to the evocation of the nuns’ repetitive labour and the suffering it inflicted on their bodies. Ebbing and flowing, its rhythm reproduces the cyclical structure of the domestic and spiritual tasks to which these thousands of synchronised pins give a changed countenance. Tying a symbolic knot between sewing and torture, the artist also mobilises the mystique of dowsing, or acupuncture in oriental thought, as if trying to offer the community of nuns the possibility of posthumous healing.
Florian Gaité
Crédit photo : Catherine Brossais
24 juin 2022 par charlotte |
Catégorie: oeuvres | Pas de commentaires
Dans la double nef de la salle des religieuses, l’énergie magnétique devient une matière aérienne, un gaz fluide impalpable, invisible et incolore. À l’image du Yamabiko japonais, dieu des montagnes dont le souffle résonne dans le paysage, les énergies naturelles se rendent sensibles par les subtils échos qu’elles produisent, des sifflements dont l’origine est difficile à localiser. La trajectoire du souffle le conduit jusqu’à trois tubes en laiton torsadés et suspendus aux voûtes, des cannes-instruments qui prennent la forme de tornades. Sous son action, elles s’animent littéralement, renvoyant à la définition antique de l’âme (anima en latin, pneûma en grec) comme souffle, esprit qui prend vie en inspirant. L’air diffusé en basse fréquence entraîne les cannes dans une danse subtile, à l’énergie studieuse, puis frémit à leur embouchure comme une douce respiration. L’effet de soufflet dessine alors un tracé aléatoire à même un tapis de sable répandu au sol, un graphe pensé sur le modèle des mandalas éphémères de la tradition bouddhiste, une manière de rendre hommage à l’impermanence de la vie et de la matière. En contraste avec la pouzzolane, roche sombre issue de scories de basalte volcanique qui délimite l’étendue de sable clair, ce dessin en mouvement invite à un recueillement contemplatif, qu’une lumière tamisée rend d’autant plus intime et intériorisé.
Florian Gaité
Installation: compressor, brass “twisters”, sand, pozzolana, electric motors, Work created with the invaluable collaboration of Jérôme Wiss, musical instrument maker
In the double nave of the nuns’ hall, magnetic energy becomes something ethereal, an invisible, colourless gas, fluid and impalpable. Like Japan’s Yamabiko, the mountain god whose breath resounds through the lands- cape, natural energies are revealed by the subtle echoes they produce, by whistlings whose origin is hard to locate. The breath-trajectory leads to three torna- do-shaped brass tubes hanging from the vaults, literally “animated” in a reminder of the ancient terms for the soul – anima in Latin, pneuma in Greek – as breath, as a spirit that comes to life to breathing. Emitted at low frequency, the air draws the “twisters” into a subtle dance, then fluters at their mouths like gentle respiration. The bellows effect creates a random line on the sand carpeting the floor, a graph modelled on the ephemeral mandalas of the Buddhist tradition in a homage to the impermanence of life and matter. In contrast with the pozzolana, the dark volcanic basalt scoria delimiting the expanse of light-coloured sand, this shifting drawing invites contemplative meditation rendered more intimate and internal by the subdued lighting.
Florian Gaité
Crédit photo : Catherine Brossais
24 juin 2022 par charlotte |
Catégorie: oeuvres | Pas de commentaires
La hauteur de l’antichambre se prête à l’élévation du regard. Sur le modèle des machines à reproduire des aurores boréales, Charlotte Charbonnel y a suspendu un tube de verre, empli de gaz et mis sous tension, qui semble canaliser l’électricité accumulée du lieu. Les flashs lumineux qui l’animent, à l’image d’une ampoule qui scintille, en dessinent les variations d’intensité, donnant un visage accidenté à la circulation des flux énergétiques. Le silence qui règne dans la salle est rompu par ces soubresauts lumineux, ces éclairs ténus à la présence aussi furtive qu’imprévisible. Théâtre de ces phénomènes intangibles et éthérés qui inquiètent autant qu’ils fascinent, la sculpture de verre renforce l’impression de fragilité qui s’en dégage. La présence spectrale des moniales trouve sans doute ici sa plus évidente incarnation. Les apparitions lumineuses finissent en effet par convoquer un imaginaire plus spirituel, comme si elles donnaient à voir les traces des énergies qui habitent encore le bâtiment, qu’on les assimile à l’esprit des disparues ou aux vestiges résiduels d’un événement passé.
Florian Gaité
Installation: Metal structure, glass tubing, discharge lamps, argon and xenon, generator
The height of the antechamber draws the gaze upwards. Adapting the model of those machines for reproducing the Northern Lights, Charlotte Charbonnel has suspended a glass tube, filled with gas and electrified, which seems to channel all the site’s accumulated electricity. Like a flickering light bulb, the luminous flashes it emanates signal variations in intensity, giving a constantly changing aspect to the energy flows.The silence that reigns in the room is broken by these luminous jolts, these tenuous flashes of light, furtive and unpredictable. The theatre of these intangible, ethereal phenomena, as disturbing as they are fascinating, the glass sculpture reinforces the impression of fragility that emerges. The ghostly presence of the nuns finds its most obvious embodiment here, but ultimately these luminous apparitions conjure up a more spiritual ethos, as if making visible the traces of energies still dwelling in the building, whether we identify them with the spirits of the dead or the vestiges of some past event.
Florian Gaité
Crédit photo : Catherine Brossais
24 juin 2022 par charlotte |
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Charlotte Charbonnel conclut ce parcours en renouvelant son geste inaugural : inviter les énergies extérieures à l’intérieur de l’abbaye. Elle puise cette fois l’eau d’un canal souterrain pour la faire circuler à travers la pièce avant de l’y rejeter, une évacuation visible à travers un grand pavé de verre disposé au sol, sous les pieds des visiteur·euses. Un système de pompe associé à un réseau de tuyauterie organise cette remontée des eaux qui s’apparente à un geste d’excavation archéologique. Le courant produit un son continu qu’un dispositif de haut- parleurs et d’amplificateurs permet de moduler et de distribuer à travers l’espace. L’installation donne l’impression de fluctuations dans la densité et la vitesse de l’écoulement, comme s’il alternait rythmes lents et brusques accélérations, étirements et saccades. Dans cette pièce plongée dans l’obscurité totale, la vue cède définitivement le pas à l’ouïe. Une écoute attentive ouvre le corps tout entier à la sensation d’un encerclement diffus, dynamisé par les différences d’intensité des sonorités produites. La sensation d’enveloppement fait alors l’effet d’une plongée à sec dans le milieu ambiant, transformé en caisse de résonance d’une musique intestine, tout droit venue du ventre de la terre. En retournant à la source, l’installation ferme la boucle d’un projet placé entre expérimentation scientifique et rituel ésotérique, là où se révèle la matérialité incertaine de ces énergies invisibles.
Florian Gaité
Installation: pump, piping, electric motors and water, Speakers and amplifiers
Charlotte Charbonnel closes this itinerary with a renewal of her opening gesture: inviting exterior energies into the interior of the abbey. This time she uses an underground canal as a source of water that flows into the room and out again, in a process of evacuation visible through a large slab of glass set in the floor under visitors’ feet. The water is brought up by a pumping system and a network of pipes in what resembles an archaeological operation, with the continuous sound of flowing water modulated and dispersed by a system of speakers and amplifiers. The installation gives the impression of fluctuations in the density and speed of the flow, in a seeming alternation of slowdowns and abrupt accelerations. In this room plunged into total darkness, sight definitely comes in second to hearing: attentive listening opens up the entire body to a sensation of diffuse encirclement, energised by the differences in intensity of the sounds produced. This sense of envelopment creates the effect of being plunged without warning into surroundings transformed in to a resonance chamber for an inner music coming straight from the belly of the Earth. In this return to the source the installation closes the loop of a project part scientific experiment and part esoteric ritual, in which is exposed the uncertain materiality of these invisible energies.
Florian Gaité
Crédit photo : Catherine Brossais
24 juin 2022 par charlotte |
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Sculpture optique
2 plaques photographiques
Wet collodion on glass and aluminium glass, wood, 20,5 x 25,5 x 10 cm
Mobile optical sculpture
3 photographic plates
Crédit photo : Anthony Girardi pour Sinople
24 juin 2022 par charlotte |
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2022 Artocène – Glaciers et fluidité des temps, Chamonix – Mont Blanc
23 juin 2022 par charlotte |
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2022 Rebirth – Encounter with Nature, commissariat/curated by Berenice Angremy produced by Doors 门艺, Choi Centre • Cloud House (Beijing)
23 juin 2022 par charlotte |
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2022 Dystopia, galerie bacqueville, Lille
23 juin 2022 par charlotte |
Catégorie: expo-collec | Pas de commentaires
2022 épochè (maintenant), commissariat/curated by Sally Bonn, Galerie des grands bains douche de la plaine, Marseille
23 juin 2022 par charlotte |
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2022 Art Rotterdam, The sky isn’t the limit, Rotterdam, Pays-Bas
23 juin 2022 par charlotte |
Catégorie: expo-collec | Pas de commentaires
2022 Drawing Now Art Fair, focus, Le salon du dessin contemporain, Carreau du temple, Paris
23 juin 2022 par charlotte |
Catégorie: expo-collec | Pas de commentaires