Larmes de la terre (exposition), 2021

Vues générales de l'exposition personnelle du 11 juin au 26 septembre 2021, le Creux de l’enfer, Thiers.

« La roche incandescente coulait en chuintant, brassée de bouillonnements énormes, couleur de cuivre rouge et d’or, dont les éclaboussures retombaient parfois tout autour de nous. Après un long moment, et quoique nous fussions si près déjà de cette matière fabuleuse, je portai les jumelles à mes yeux – et soudain me trouvai comme immergé dans le prodigieux enfer d’une planète en gésine. » Haroun Tazieff, Les volcans, éditions Robert Delpire.

40 millions d’années nous séparent de la naissance des volcans d’Auvergne, c’est très peu en comparaison des quatre mille millions d’années durant lesquelles « la coquille qui recouvre notre planète a connu les vicissitudes de la tectonique qui plisse, tord, brise les roches, les comprime en montagnes, les étire en fosses océaniques»* . En recréant une archéologie imaginaire des volcans d’Auvergne, Charlotte Charbonnel embrasse ce phénomène multi-scalaire qui met notre imagination au défi, elle s’en approche par les voies d’un art qui se mêle aux créations de la nature, y confronte ses techniques et ses formes. Afin de créer une lave de sa fabrication à partir de pouzzolane prélevé sur les pentes des volcans, l’artiste a collaboré avec le laboratoire Magmas et Volcans de Clermont-Ferrand. Pour construire sa fiction archéologique, elle s’est inspirée de récits portant sur l’Auvergne trouvés dans le Guide de la France Mystérieuse. Elle y découvre notamment la notion auvergnate de « Larmes de la terre » pour qualifier la lave. 
Mêlant l’observation attentive de la géologie auvergnate à la création d’un répertoire de matières et de formes, du plus naturaliste au plus abstrait, Charlotte Charbonnel travaille subtilement le passage entre l’analyse de phénomènes naturels et la transcription sensorielle de leur ténuité, de cette part invisible qu’est leur mouvement interne, leur énergie. Elle inscrit ses gestes créateurs dans un très long processus naturel jouant avec le temps, travaillant la terre et les métaux à chaud et à froid, opérant des coupes, réalisant des expériences et des simulations d’opérations géologiques où tout se forme et se forge. L’exposition est une série d’étapes de révélation propices à l’émerveillement où sont convoquées toutes les écritures naturelles et scientifiques associées au volcan, elle est le récit d’un voyage sensoriel dans la formation du paysage qui nous entoure.
Marguerite Pilven
* Haroun Tazieff, Les volcans, ed. Delpire, 1964. Le précédent texte s’inspire par ailleurs de plusieurs descriptions de 2 phénomènes naturels faites par le célèbre volcanologue.

 

Solo show, from June 11th to Septembrer 26th, 2021, le Creux de l’Enfer art center, Thiers

« The incandescent rock flowed with a chirp, stirred by enormous bubbles, red copper and gold in color, whose splashes sometimes fell all around us. After a long moment, and although we were already so close to this fabulous matter, I brought the binoculars to my eyes – and suddenly I found myself as if immersed in the prodigious hell of a planet in gesine. »
Haroun Tazieff, Les volcans, Robert Delpire editions
40 million years separate us from the birth of Auvergne volcanoes, which is very little compared to four thousand million years during which « the shell that covers our planet has experienced the vicissitudes of plate tectonics that folds, twists, breaks rocks, compressing them into mountains, stretching them into ocean trenches. »* Reconstructing an imaginary archeology of Auvergne volcanoes Charlotte Charbonnel embraces this multi-scalar phenomenon, challenging our imagination. She grasps it through a practice that merges with the creations of nature, confronting its mechanisms and forms. In order to create a lava of her own made of pozzolan taken from the slopes of volcanoes, the artist collaborated with Magmas et Volcans Laboratory in Clermont-Ferrand. To elaborate her archaeological fiction, she draw her inspiration from stories about Auvergne province, found in the Guide de la France Mystérieuse. There she discovered the Auvergne notion of « Tears of the Earth » to describe lava.
Combining careful observation of Auvergne geology with the creation of a repertoire of shapes and materials, from the most naturalistic to the most abstract, Charlotte Charbonnel subtly works on the transition between the analysis of natural phenomena and the sensory transcription of their tenuousness, of the invisible part that is their internal movement, their energy. She puts her creative gestures on a long footing playing with natural processes and time, working with earth and metals, hot and cold, making cuts, carrying out experiments and simulations of geological operations where everything is formed and forged.The exhibition is a series of development stages that favours wonder, where all natural and scientific writings associated with volcanoes are explored, it is the story of a sensory journey into the formation of the landscape that surrounds us.
M P
* Haroun Tazieff, Les volcans, ed. Delpire, 1964. The previous text is inspired by several descriptions of natural phenomena made by the famous volcanologist.

 

Credit photo : Vincent Blesbois

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