- Aquifer , 2018. Installation in situ, papier gris, ouate de cellulose, colle
- Sonitus aquae , 2018. 3 vidéos e3. n boucle.
- Météaura , 2017-2018.4. Plaques d’ardoise, calcaire.
- Spéléothème , 2017-2018. Installat5. ion in situ, calcaire, moulages en plâtre, lumière.
- Acouskarstic , 2017-2018. Tubes en verres fixés sur laiton, son, lumière.
Une goutte d’eau puissante suffit pour créer un monde et pour
dissoudre la nuit. Pour rêver la puissance, il n’est besoin que
d’une goutte imaginée en profondeur. L’eau ainsi dynamisée
est un germe ; elle donne à la vie un essor inépuisable.
Gaston Bachelard, Eau et les rêves
Habile dans la manipulation de la nature et de l’organique, Charlotte Charbonnel enferme les phénomènes les plus discrets et éphémères dans des formes finies et, paradoxalement, en devenir perpétuel.
Pour le corpus d’œuvres Sonitus Aquae [Le murmure de l’eau], l’artiste a créé des œuvres à partir d’un même élément, le plus essentiel, l’eau. Complice dans cette démarche, le massif du Vercors 1 , un site karstique rude et tourmenté, aux abîmes âpres et aux cavités marquées par le temps et par les forces aquatiques. L’artiste s’est intéressée aux changements géologiques le plus ancestraux, aux mutations causées par l’eau sur la roche et aux affinités entre ces deux éléments. Les recherches se sont faites tant en surface qu’à l’intérieur, dans les profondeurs et les creux de la montagne érodée par les rivières et les infiltrations de l’eau. Les œuvres produites sont alors une parfaite alchimie entre ces différentes sources que Charlotte Charbonnel exploite et mêle.
L’installation Aquifer produit une fausse humidité ambiante et fait littéralement ruisseler le plafond de la salle. Entre effet optique et ironie architecturale, le ou la visiteur·euse se trouve comme dans une grotte artefacte. Cette œuvre in situ comporte aussi des vidéos qui, incrustées comme si elles ressortaient du mur, présentent des points de vues insolites (voir impossibles). Les œuvres de Sonitus Aquae, sont des matières aux propriétés transitoires et aussi des sons qui produisent un corps abstrait. Elles sont à la fois l’empreinte de l’artiste sur ces éléments et leur sublimation plastique. L’eau, matière organique et vivante, produit un décor magnifié. Charlotte Charbonnel, tel une démiurge de deux mondes, crée des installations qui jouent avec les possibles et leur métamorphose. Ces œuvres sont donc une invitation à la découverte d’un paysage recomposé, une vision lyrique de certains lieux que l’artiste a transformés et transcendés : « Avant d’être un spectacle conscient tout paysage est une expérience onirique. On ne regarde avec une passion esthétique que les paysages qu’on a d’abord vus en rêve. » 2 .
Extrait du texte général «Sonitus Aquae ou des métamorphoses de l’eau» de Giulia Turati
1 L’artiste a travaillé notamment à la Grotte de Choranche, connue pour ses fistuleuses majestueuses et ses
rivières souterraines, et aux Jardin des fontaines pétrifiantes à La Saône, où les chutes d’eau, riches en calcaire,
rendent tout objet de pierre.
2 Cf. Gaston Bachelard, au et les rêves, Essai sur l’imagination de la matière. 1942.
1. Aquifer, 2018. In situ installation, grey cardboard, cellulose wadding, glue.
2. Sonitus aquae, 2018. 3 videos looped.
3. Météaura, 2017-2018. slate slabs, limestone.
4. Spéléothème, 2017-2018. In situ installation, limestone, plaster molding, light.
5. Acouskarstic, 2017-2018. pipes glassset on brass, sound, light.
A drop of powerful water suffices to create a world and to dissolve the night.
To dream of power, only one drop imagined in its depth is needed.
Water thus given dynamic force is a seed; it gives life an upward surge that never flags.
Gaston Bachelard, Water and Dreams
With her dexterous handling of nature and the organic world, Charlotte Charbonnel encloses the most discreet and ephemeral of phenomena in finite forms that, paradoxically, become eternal. For the Sonitus Aquae [the murmuring of water] corpus of works, the artist created pieces based on the same element: water, the most essential of elements. She found an accomplice for her approach in the Vercors Massif, a stark and rugged karstic site with unforgiving chasms and cavities hollowed out by time and aquatic forces.
The artist explored ancient geological shifts, the transmutations caused by the water’s action on the rock, and the affinities between these two elements. Her investigations concerned both the surface and the core, the depths and the hollows of the mountain eroded by rivers and water infiltration. The resulting works represent a perfect alchemy between the different sources that Charlotte Charbonnel employs and blends.
The Aquifer installation produces an artificial ambient humidity and literally makes the room’s ceiling drip. Between optical effect and architectural irony, visitors find themselves in a cave as artefact. This site-specific work also includes videos which, embedded as though coming out of the wall, present unusual (if not impossible) viewpoints. The works that make up Sonitus Aquae are materials with transient properties as well as sounds producing an abstract corpus. They constitute both the mark the artist leaves on these elements and their artistic transformation. Water, an organic and living matter, produces a magnified setting. A demiurge shaping two worlds, Charlotte Charbonnel creates installations that play with different forms of the possible and their metamorphosis. These works are thus an invitation to discover a reconstructed landscape, a lyrical vision of places the artist has transformed and transcended: “Before becoming a conscious sight, every landscape is an oneiric experience. Only those scenes that have already appeared in dreams can be viewed with an aesthetic passion.”
Extract from the general text «Sonitus Aquae or metamorphoses of water» by Giulia Turati