Dans la double nef de la salle des religieuses, l’énergie magnétique devient une matière aérienne, un gaz fluide impalpable, invisible et incolore. À l’image du Yamabiko japonais, dieu des montagnes dont le souffle résonne dans le paysage, les énergies naturelles se rendent sensibles par les subtils échos qu’elles produisent, des sifflements dont l’origine est difficile à localiser. La trajectoire du souffle le conduit jusqu’à trois tubes en laiton torsadés et suspendus aux voûtes, des cannes-instruments qui prennent la forme de tornades. Sous son action, elles s’animent littéralement, renvoyant à la définition antique de l’âme (anima en latin, pneûma en grec) comme souffle, esprit qui prend vie en inspirant. L’air diffusé en basse fréquence entraîne les cannes dans une danse subtile, à l’énergie studieuse, puis frémit à leur embouchure comme une douce respiration. L’effet de soufflet dessine alors un tracé aléatoire à même un tapis de sable répandu au sol, un graphe pensé sur le modèle des mandalas éphémères de la tradition bouddhiste, une manière de rendre hommage à l’impermanence de la vie et de la matière. En contraste avec la pouzzolane, roche sombre issue de scories de basalte volcanique qui délimite l’étendue de sable clair, ce dessin en mouvement invite à un recueillement contemplatif, qu’une lumière tamisée rend d’autant plus intime et intériorisé.
Florian Gaité
In the double nave of the nuns’ hall, magnetic energy becomes something ethereal, an invisible, colourless gas, fluid and impalpable. Like Japan’s Yamabiko, the mountain god whose breath resounds through the lands- cape, natural energies are revealed by the subtle echoes they produce, by whistlings whose origin is hard to locate. The breath-trajectory leads to three torna- do-shaped brass tubes hanging from the vaults, literally “animated” in a reminder of the ancient terms for the soul – anima in Latin, pneuma in Greek – as breath, as a spirit that comes to life to breathing. Emitted at low frequency, the air draws the “twisters” into a subtle dance, then fluters at their mouths like gentle respiration. The bellows effect creates a random line on the sand carpeting the floor, a graph modelled on the ephemeral mandalas of the Buddhist tradition in a homage to the impermanence of life and matter. In contrast with the pozzolana, the dark volcanic basalt scoria delimiting the expanse of light-coloured sand, this shifting drawing invites contemplative meditation rendered more intimate and internal by the subdued lighting.
Florian Gaité
Crédit photo : Catherine Brossais